Mars

Vendredi 4 mars
En partance pour Chaulnes. A 15 heures je vois Gérald M., le chauffeur-coursier, pour un entretien avant son licenciement économique.
Balladur est sur la pente descendante. Les gaffes se cumulent. L'affaire d'Air France, les marins pêcheurs, André Rousselet et enfin le contrat d'insertion professionnelle alias Smic-jeunes : gauchards et syndicalistes boursouflent cette maigre pitance pour entretenir leur influence déclinante. N'empêche que le Balla., au bout du compte, présente sa molle bedaine pour que les contestataires becquettent jusqu'à satiété. Le père de famille, bon comme du bon pain, risque d’être victime de sa sagesse attentiste.
Eu Nadette au téléphone. N'avait pas l'air très jouasse dans son Ecosse. Doit revenir sur nos terres lundi prochain. Elle me rendra visite le samedi qui suit. J'espère, cette fois, ne pas avoir un cas de force majeure qui provoque l'annulation de tout.
De retour vers Paris.
Supertramp me canarde les tympans et je me surprends à quelques mélancolies. Aucun amour, aucune passion n'a accroché mon existence depuis la fin de mon histoire avec Kate. Rien qui n'ait duré, en tout cas. Aucune nouvelle de la demoiselle, depuis octobre 1993. Elle serait morte que ça reviendrait au même. De son côté, elle a probablement reçu dans sa boite aux lettres un prospectus vantant la réédition d'un ouvrage sur Lagny. Brève manifestation de notre activité persistante.
Dernière trace que je conserve d'elle dans mon portefeuille : un chèque de 350 francs daté du 10 octobre 1993 à mon attention, en remboursement de je ne sais plus quelle dépense. Quel symbole ! Quand on songe aux millions de francs lourds perdus du fait de notre néfaste relation.
Je n'écris avec intérêt que dans des instants d'enthousiasme ou de révolte. Lorsque la sérénité s'installe, je n'ai plus goût à m'exprimer, faute d'utilité. J'aurais beaucoup de mal à devenir un ouvrier de la plume, tel Flaubert ou Zola. Pour moi, cet exercice reste une manifestation des tripes. Les boyaux de ma pomme n'ont, à cet instant, pas grand chose à se mettre sous la dent. Y aurait-il chez moi une légère tendance à la cyclothymie ?



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Mlle Nadette M.
Du train en partance pour Paris, le 6 mars,
Précieuse amie,
La récolte fut tardive mais abondante : vos lettres des 24 et 28 février, l’une née des douces chaleurs lyonnaises, l’autre éclos non loin de l’humidité écossaise, sont toutes deux tombées vendredi dans ma boîte. Il y a des prouesses de nos services publics qu’on ne s’explique pas. Cette angoissante incertitude de la date d’achemi­nement de nos bouts de papier doit constituer pour les agents jaunes une forme d’art suprême, bien qu’insi­dieux, voire même pernicieux. Ne rechignons pas devant la subtilité langagière, crénom !
Allez-vous donc me revenir avec une forme pétaradante, et non point la bouille tissée du tissu écossais ? Votre voix, lors de notre dernier entretien téléphonique, me laissait présager la plus florissante des fantaisies existentielles.
Pour mézigue pâteux (expression de chez nous) week-end dans les terres à la recherche de mortes brindilles et branchettes arrachées à leur attache par des tempêtes tournoyantes. Croyez la bête vigoureuse que je suis : ça vous dérouille les entournures sans pareille. L’air frais de cette campagne nettoie les conduits respiratoires ; les menottes trifouillent la bonne terre grasse de nos contrées, juste pour donner bonne mine aux ongles tristounets ; le museau frétille du bout, pour mieux s’imprégner des sauvageonnes faune et flore du parc. Tableau agreste, je l’accorde, mais ô combien revigorant pour l’âme déschématisée.
Hormis ces escapades, rien de bien édifiant, et encore moins de transcendant à narrer. Semaine agitée en perspective. Mardi et mercredi Épinal et Nancy se disputeront ma présence ; jeudi, je voguerai entre Chaulnes et Péronne ; vendredi, si tous les cas de force majeure sont muselés, je me consacrerais entièrement à la lyonnaise.
A très rapidement.
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Mardi 8 mars
Bloy : "doux comme une teigne..."
Dans le train menant à Nancy, je lis Quatre ans de Captivité à Cochons-sur-Marne de Léon Bloy. Voici ce que j'en extrais :

« J'ai pensé souvent que bien des gens qu'on aperçoit, ici et là, sont réellement des morts, des morts exhalant une odeur de fosse, ayant des attitudes de cadavre. Combien sont-ils de vivants au Ministère ou au Parlement ? Un des inconvénients les moins observés du suffrage universel, c'est de contraindre des citoyens en putréfaction à sortir de leurs sépulcres pour élire ou pour être élus. Le Président de la République est probablement une charogne. »
Quel sombre délice de lire, dans ce style cataclysmique des idées toujours au faîte de l'actualité.
Autre perle de violence littéraire dans un article du 21 avril 1903, contre les hommes de presse, intitulé : L'Aristocratie des Maquereaux :
« A force d'avilissement, les journalistes sont devenus si étrangers à tout sentiment d'honneur qu'il est absolument impossible, désormais, de leur faire comprendre qu'on les vomit et qu'après les avoir vomis, on les réavale avec fureur pour les déféquer : la corporation est logée à cet étage d'ignominie où la conscience ne discerne plus ce que c'est que d'être un salaud. »
Bon dieu, quelle bonne PURGE !!!


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A Mlle Nadette M.
Le 8 mars,
Du train en partance pour Nancy,
Ma voyageuse préférée,
Puisque nous cheminons tous deux de patelins en bourgades, de capitales en villages, je me permets à nouveau de vous gribouiller quelques bricoles, à un peu plus de cent à l’heure.
Comme vous pouvez l’imaginer, je ne suis en rien dupe des méfaits et atrocités de l’ordre révolutionnaire, et ceci depuis mon plus douillet berceau. Tout petit, je jouais aux chouans avec mes frères et sœur de cœur, déterminé à rougir des bleus. Moi, j’incarnais Georges Cadoudal, une des grandes figures chouannes avec François de Charette et Jean Cottereau. J’avais nettement choisi le camp du drapeau blanc et de la croix au cœur contre la solution finale des vermines jacobines et républicaines. Je ne m’appelle pas de Crauze pour rien...
Ce soir, je suis accueilli à Nancy par une ancienne camarade de la Sorbonne qui rayonne, comme vous, par son sens aigu de la vie.
Instants délicieux pour moi : le mélange des plaisir est sur ma tablette de train. Pour les oreilles, la dernière livraison de Phil Collins, douces mélodies inspirantes. Pour la vue et accessoirement (!) l’esprit, Le Mendiant Ingrat du cataclysmique Léon Bloy, dans une édition de 1948, encore vierge de toute lecture. C’est au coupe-papier que je dois ouvrir et découvrir les pages. Presqu’aussi sensuel que d’ouvrir une demoiselle fruitée...
Les préliminaires n’auront pas été inutiles : la lecture de votre deuxième courrier d’Écosse m’aura bien stimulé pour gratter à mon tour de la plume. Merci à vous.
Au plaisir de vous retrouver à Lutèce.
Votre attentif.
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Mercredi 9 mars
Gilles G., professeur de droit à la faculté de Nancy, est face à moi, lançant ses sages et ronflantes paroles dans l'air surchauffé de l'amphi TR02. Mazette quelle histoire ! Me voici, pour une matinée en compagnie de la charmante Sabrina, redevenu étudiant dans la roide matière. Sage, trop sage le prof ! Rien d'attractif dans sa phraséologie. Sérieux certes, compétent, c'est incontestable, mais pas un brin pétant le feu.
A l'époque sorbonnarde, lors de ma première année de Deug, j'avais eu la chance d'avoir en droit constitutionnel le flamboyant Jean Gicquel. Malgré ses penchants gauchards, j'étais séduit par son verbe, sa capacité à transformer en fresques des concepts pour le moins soporifiques, son rythme soutenu mais toujours coloré d'humour, de cynisme et de boutades. Par le seul intérêt qui nous portait à l’écouter, nous retenions beaucoup plus profondément et durablement ce qu'il aurait fallu, sans ce talent oratoire, bachoter à coups de grosses sueurs.
Je poursuis ma lecture du martyr Léon Bloy et tombe sur cette nouvelle considération :
« 8h40 du matin, train des employés. Ces gens qui se connaissent tous, arrivent, invariablement, un petit sac ou un petit panier de provisions à la main pour leur déjeuner au bureau. Ils se serrent la main et, du commencement de l'année à la fin, échangent les mêmes lieux communs dans lesquels on les ensevelira, après qu'ils auront fait semblant de mourir. »
Terrible et dérisoire destinée du commun des mortels, ce que Heïm rassemble sous la catégorie « d'usines à merde s'agitant dans leur activité occupationnelle ».
Dans un article inédit au titre prometteur, La revanche de l'Infâme, cette définition du conducteur de voiture : « tout automobiliste ambitieux est UN ASSASSIN AVEC PREMEDITATION ». Cela fait belle lurette que je suis cons­cient de vivre dans un monde de délinquants.
Décidément, les aphorismes abondent chez notre truculent désespéré : « Il y eut, autrefois, la sélection merveilleuse du Sang et de l'Âme qui s'est nommée l'aristocratie des vertus. Il y a, aujourd'hui, la sélection de l'argent qui produit naturellement l'aristocratie des imbéciles et des assassins (...). »
Allez, encore deux belles formules :
« Les peintres ont le pouvoir de faire ENTENDRE par les yeux. »
« Les Prophètes sont des gens qui SE SOUVIENNENT DE L'AVENIR. » Merci Léon !
Je comprends pourquoi, il y a quelques années, Heïm m'avait demandé d'attendre d'avoir mûri avant d'entreprendre la lecture de Bloy. Son agonie, sa misère plus profonde, les jours passants, terrifient le lecteur, mais l’extrême difficulté à vivre est transcendée par une révolte éperdue.
Le mendiant ingrat reçoit quelques francs d'un tout jeune enfant, André Martineau. L'enragé lui écrit ce mot touchant :
« Mon cher petit ami. Tu es le bienfaiteur de Léon Bloy. C'est une chose que tu ne peux pas encore très bien comprendre. Mais si, gardant cette lettre, tu la relis dans vingt ans, lorsque le pauvre Léon Bloy sera sous la terre, tu pleureras de pitié en songeant à la vie terrible de cet écrivain si malheureux. En même temps tu pleureras de joie en te souvenant que le pouvoir te fut donné de le consoler quelques heures. »
C'est quoi sa misère ? Lis donc : « On commence à ne plus pouvoir nourrir les enfants. Affranchissement d'une lettre nécessaire, trente centimes, une saignée en pleine carotide, un flot de sang ! ».


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Paris, le 11 mars 1994,
Chère Sabrina, cher Fabrice,
Cette petite lettre comme témoignage de mes plus amicaux remerciements pour l’accueil attentionné que vous m’avez réservé. La gentillesse et la douceur qui s’exhalent de votre couple sont un bienfait pour l’âme un peu dans le vague, une sorte de reconstituant.
Comme je te l’expliquais, Sabrina, n’accorde aucune valeur aux petites saletés que quelques envieux de passage pourraient t’envoyer. Seules doivent compter ton authenticité envers toi-même et tes proches, ta qualité d’être confirmée à chaque aube, l’extrême rectitude de tes choix nourris d’un sens aigu de la vie et des plaisirs qu’elle offre.
J’attends avec impatience l’occasion qui me sera donné de vous revoir.
Bien à vous.
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Dimanche 13 mars
Je suis sombre ce soir. Ma nature profonde, celle qui surgit par mon instinct comportemental, est détestablement minante pour toute action ambitieuse. A force de m'être trop socialisé, j'en viens à ne plus supporter la solitude. Dans le même temps, ce besoin affectif, et éventuellement sexuel, reste difficilement réalisable du fait d'un penchant à la sélection-élimination excessive où, lorsque le coup de foudre est proche, j'ai une incapacité à convertir cette chance potentielle en rapprochement réel.
Un jour, peut-être, mon naturel s’accommodera d'une plus saine simplicité.


Mardi 15 mars
3h03 du matin. Hier, soirée avec Corinne R., sauvagesse en plein désespoir. Encore une fois, je n'ai pas choisi la béatitude ronronnante. Cette jeune demoiselle, à l'aura pathétique et aux formes sensuelles, possède cette intelligence et cette intuition si spécifiquement féminines qui désarçonnent le mâle aux sabots. Elle frôle les extrêmes sans jamais se nicher dans un confortable systématisme.
Me narrant avec ses tripes à fleur de peau le chaos de sa perdition passagère, elle m'offre son regard à hurler, qui a la touchante humidité d'un bleu-révolte. Je suis saigné au fond, comme si un pic chauffé à blanc traversait au ralenti mon globe oculaire fondant, comme si une lame de rasoir tranchait net l'autre prunelle, ouverte alors en béance terrifiante. Et les stratus de Dalí et Buñuel passent toujours devant la ronde lune...
Dis-moi, demoiselle, où puises-tu ce concentré d'âme qui t'écorche jusqu'à l'os ? A trop trancher, à trop dépecer, tu livres ta verdeur aux gloutons et risque de creuser trop tôt ta bouille de bébé. J'aimerais pouvoir m'insinuer au plus profond de tes fibres pour mieux saisir les arcanes de tes dérives.
Le don de soi sans réserve, source de ton mal-être, mérite qu'on s'y attarde un chouïa. Voilà ce prince du Barreau, ce seigneur de la Robe qui t'envoûte avec art et prétendue sincérité. Plus que réceptive, la jeune fille délaisse ses pointes, les piquants qui la protègent, pour laisser à nue ses atours, sa générosité, sa sensibilité à feu. L'absolu reste en soi une quête, comme l'horizon un point de mire inaccessible. Dès que l'on croit vivre un instant de perfection, on se trompe soi-même, et le retour de crosse n'en est que plus violent.
A l'écho de cette passion flamboyante, jauge aujourd'hui les lambeaux qui t'en restent. Nib pour construire un semblant de vie, tout juste en guise de mauvaise défonce.
L'expérimentation par la blessure coûte trop à l'épanouissement de sa personnalité. Hier, tel un petit animal apeuré, entre l'oiseau à l'aile cassée et le petit fauve tremblant d'agressivité, tu m'as montré les plus rares qualités d'une femme et les tares dangereuses de la funambule déséquilibrée.
Je ne sais si la peinture de ta pâte humaine t'inclinera à m'allouer ta confiance, mais sache que mon penchant pour toi est coriacement griffé dans mes fibres.
Ce jour, j'ai vu la Justice dans sa crasse magistrale. Voir ma lettre au putain de président de séance. Il n'aurait pas fallu me glisser une lame dans la poigne, car de la viscère de juge prud’homal aurait fréquenté le parterre :


Monsieur,
Vous avez ce jour présidé l'audience de référé du Conseil de prud'hommes de P... à 14h50, dans l'affaire opposant le gie L... à Mme Josette C..., représentée par Maître M...
Je suis M. Loïc Decrauze, né le 6 octobre 1969 à Tours, administrateur unique du gie L... depuis l'a.g.o. du 26 novembre 1993, enregistrée au RCS de Paris. Je suis donc le seul représentant légal de L...
A 14h30 j'étais présent à votre audience, qui a commencé avec 20 mn de retard du fait de l'arrivée tardive de Maître M... Juste avant son arrivée, vous m'avez même proposé de déposer mes conclusions et de faire ma plaidoirie, sans me demander aucune pièce complémentaire quant à ma qualité de représentant légal.
Sur la demande de Maître M..., qui aurait dû être déclaré déficient et irrecevable du fait de son arrivée tardive (si l'on se place dans votre « juridisme ») vous avez refusé de m'entendre pour la défense de L... Seule cause invoquée : je n'avais pas le papier prouvant ma qualité. Je tiens à vous signaler que j'ai défendu de nombreuses affaires devant le Conseil de Prud'hommes de P... comme représentant légal de R...U..., d'O..., et de S... et que jamais on a remis en cause ma bonne foi de représentant légal de ces sociétés.
Aujourd'hui, pour L..., je viens d'assister à un déni de justice du fait d'un véritable banditisme juridique.
Dès demain matin, je vous envoie depuis Paris toutes les pièces justifiant de ma qualité et l'intégralité des conclusions que vous auriez dû entendre ce jour.
Le nouveau code de procédure pénale a éliminé la notion du « Nul n'est censé ignorer la loi. »
Croyez bien que pour me rendre justice, à moi et au groupement que je représente, je n'hésiterais pas à dénoncer cette parodie de justice à laquelle j'ai assisté, bâillonné pour ainsi dire. Le nouveau code précité réprime sévèrement l'utilisation d’éléments infimes pour priver le contradicteur du débat contradictoire. S'il faut aller jusqu'à la suspicion légitime et jusqu'à la Haute Cour, et bien j'irais.
Croyez, Monsieur, à l'assurance de mes salutations distinguées
.


Lundi 26 mars
Privé de mon support naturel pour inscrire mes notes perso, c'est sur une feuille gentiment donnée par une voyageuse que j'm'en vas discourir sur les derniers épisodes de l'environnement ambiant.
Pour commencer par l'ego, il faut que je me tanne sacrément le cul pour progresser plus vivement dans le développement de la collection des localités sous la Révolution française, sans quoi je vais passer par la disette sous un toit céleste. Poétique pour survivre, mais gênant aux entournures.
L’établissement qui gère mon compte depuis une bonne demie décennie vient de me chier sur la gueule pour un dépassement de quelques centaines de francs sur un découvert autorisé : suppression de la cb et débit immédiat de mes factures en cours. Raclures de salopards ! Conséquence : un chèque d'apport de 2 000 F à la sci du château d'Au est tout bonnement rejeté. Rogatons glaireux de mes deux ! Je ne sais ce que l'avenir me réserve comme divines surprises, mais la cote de satiété est largement dépassée. Notons pour l'éclairage que cet établissement de crédit vient d'accuser une perte de sept milliards dans ses comptes annuels. Comprenons ce gigantesque failli. Bienvenue au club ! Même pas, l'Etat est là, les caisses ouvertes.
Si les affrontements semblent sur la voie de l'extinction dans la feue Yougoslavie, la jeunesse française entame pour sa part un balbutiement de révolte contre un Contrat d'insertion professionnel cogité et décrété par le gouvernement Balladur. Cela faisait un bout de temps qu'on n'avait pas sorti en groupes et pour quelques semaines tous ces jeunes angoissés. Comme toujours, les phénomènes de masse puent la dangerosité par le dérapage.
Les casseurs s'adonnent à une frileuse guérilla urbaine, se cantonnant à quelques jets de pierres, flambées d'autos, bastons improvisées, sans vraie constitution d'une force de frappe organisée. En face, le gueulard Pasqua tente d'effaroucher les branleurs, alors que de plus expéditives sanctions suffiraient. Une politique de la terre brûlée mettrait un terme définitif aux saccages des haineux en mal de sensation.

Dimanche 27 mars
Départ de Laon pour l'obèse Lutèce. Week-end physique à Au. Le printemps s'illustre par de fragiles bourgeons. Nous avons allumé un immense brasier sur le ciment de l'ancienne porcherie, alternant couche de sapin sec et tranche de feuilles agglomérées. Tour à tour je manie le râteau, la fourche, je conduis le petit tracteur traînant sa remorque, je surnage dans l'épaisse fumée blanche en alimenteur de la fournaise étouffée. La propriété devient de plus en plus belle, dans tous ses contours. La première tour du château vient de faire peau neuve, habillée par de nouvelles ardoises.
Hubert arrive dimanche après-midi, en permission, avant de repartir pour Castres chez les parachutistes. Le cheveu au ras du crâne, il nous montre son bel uniforme d'élève-officier de réserve. Conversation arrosée avec Heïm.

Lundi 28 mars
Ce soir sur TF1 et France 2, les jeunes avaient la parole. Honte d'appartenir à cette génération de petits vieux conformistes, prostrés sur leurs hémorroïdes en germe, assistés jusqu'au trognon. Et ça blablate un max, que ce soit analphabète, débile léger, ou les deux cumulés.

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